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Ayant depuis longtemps dépassé le statut de simples lieux de travail pour entrer dans une dimension plus large, les entreprises sont actuellement de véritables lieux de vie et des actrices engagées dans la vie sociétale. Elles sont amenées à évoluer au fil des attentes de la société dans les missions et rôles qu’elles endossent.
La prépondérance des préoccupations environnementales, ainsi que la question de l’égalité des sexes et du bien-être au travail souligne notamment l’importance, pour ces organisations, d’adopter une posture à impact dans leurs approches. De là découle le concept de la RSE, devenu un levier stratégique dans le fonctionnement d’une entreprise.
Pour mieux comprendre les enjeux de la RSE et nous éclairer sur l’importance de cette démarche, One RH a rencontré Christian Morel, détenteur d’un master spécialisé dans la transition écologique, adepte du lean management et de l’amélioration continue, et aujourd’hui éco-conseiller pour les entreprises qui s’intéressent à la transition. En d’autres termes, il les accompagne dans l’implémentation d’une stratégie RSE dans leur fonctionnement, en définissant notamment les indicateurs clés pour en mesurer l’impact.
Mesurer la performance de sa démarche RSE
Avant de se lancer dans le vif du sujet, commençons par nous familiariser avec la notion de base de la RSE pour mieux la comprendre et la cerner.
Définition : qu’est-ce que la RSE ?
La RSE, acronyme de « Responsabilité Sociétale des Entreprises » est une démarche à travers laquelle une entreprise intègre les enjeux environnementaux, économiques et sociaux dans ses opérations. D’une manière plus globale, elle les adopte également dans son ADN et ses valeurs même. La RSE fait de l’entreprise une actrice à part entière de la promotion de la durabilité et de l’éthique.
Christian souhaite nous rappeler que le rapport de Brundtland de 1987 avait défini le développement durable comme étant « un mode de développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Il précise qu’il est nécessaire, pour ce faire, de mesurer l’impact et l’efficacité de la démarche. C’est notamment à cela que servent les indicateurs RSE.
Les objectifs visés par la démarche RSE
La RSE vise l’amélioration continue de l’entreprise, tant d’un point de vue financier qu’environnemental et humain. Pour Christian, l’objectif de cette démarche est avant tout de faire en sorte que « les gens se sentent bien dans une entreprise financièrement pérenne, qui prend soin des ressources pour ne pas se retrouver un jour avec plus rien ».
Toutefois, cette amélioration continue n’est possible qu’à travers la mesure constante des efforts et actions RSE déployés. « On ne peut pas s’améliorer si on ne se mesure pas », a-t-il précisé.
Notre éco-conseiller compare la politique RSE à un sportif qui doit se mesurer pour déterminer si son entraînement est efficace ou non. Cette approche permet également de repérer les éventuels points faibles à travailler, mais aussi, et surtout, de « savoir où on est à un instant T, si on est sur le bon chemin », selon lui.
L’adoption d’une politique RSE au sein de l’entreprise s’accompagne de la définition d’objectifs et d’intentions clairs. La mesure des efforts déployés tout le long sert à se repérer et à évaluer la distance qu’il reste à parcourir avant l’atteinte des objectifs RSE fixés.
La RSE, une aventure collective
La mise en place d’une démarche RSE au sein d’une entreprise doit concerner l’intégralité de l’organisation. « Quand on est sur de la RSE, forcément un sujet d’entreprise, on veut emmener tout le monde », nous explique Christian. Dès lors, il s’agit d’initier une conversation en interne afin d’expliquer les sujets et les engagements adoptés à travers la politique RSE.
En effet, cette démarche peut vêtir une large variété d’actions possibles, pour ne citer que les mesures portant sur le développement durable, l’émission de gaz ou encore la qualité de vie, la formation et la santé au travail.
Le déploiement de la RSE s’accompagne donc d’une campagne de communication pertinente en interne afin de motiver les collaborateurs dans la poursuite des objectifs fixés. La mesure des efforts déployés, grâce aux indicateurs RSE, permet d’ailleurs de cultiver cette motivation en comparant notamment l’état de l’entreprise à un instant T à auparavant.
Christian explique qu’en cas de perte de motivation, il faut leur montrer « on était là, et aujourd’hui, on a baissé notre empreinte carbone de 5% et augmenté de 10% nos formations ». La constatation de résultats concrets apportés par la politique RSE rassure les salariés et leur donne envie de poursuivre sur cet élan.
De là découle l’importance de mettre en place des indicateurs de performance RSE factuels, tant pour mesurer le progrès accompli que pour maintenir l’entreprise sur le droit chemin en définissant les priorités. Comme l’indique Christian : « une conduite de changement sans indicateur, c’est compliqué »
Quels sont les indicateurs de suivi de la RSE ?
Tout comme les actions et les sujets qui peuvent être adoptés dans le cadre de la mise en place d’une politique RSE, les indicateurs de suivi de la RSE existent en nombre. Cependant, il n’est pas nécessairement question de tous les prendre en compte, mais plutôt de savoir lesquels garder en fonction des objectifs que vous poursuivez. Vos indicateurs RSE doivent donc correspondre à vos priorités.
Entre les indicateurs environnementaux, les indicateurs sociaux et le côté économique de la RSE, « il ne reste pas grand-chose qu’on ne traite pas », fait remarquer Christian Morel. Dès lors, il s’agit de choisir des indicateurs pertinents, en accord avec la stratégie et la politique RSE de l’entreprise.
Les indicateurs environnementaux
Le développement durable est un objectif intrinsèquement lié à toutes démarches RSE en entreprise. À travers cette politique, les entreprises cherchent, entre autres, à réduire leur impact sur l’environnement en adoptant une approche plus respectueuse. Cela se traduit, par exemple, par la réduction du pourcentage de déchets générés par les activités de l’entreprise.
En termes de RSE, il s’agit là d’un « sujet qui parle à tout le monde et, donc, fonctionne bien », souligne Christian. Ce faisant, l’entreprise adopte également un système d’économie circulaire qui vise à réduire l’utilisation des ressources naturelles en ne générant pas de déchets grâce à la réparation, ou au réemploi, ou à défaut en recyclant les déchets pour en extraire de la matière première.
Toujours sur le plan environnemental, il est également commun de s’intéresser à la question du climat dans la définition d’une démarche RSE. Toutefois, plutôt que de parler de climat de manière générale, il serait plus pertinent de s’intéresser aux 9 limites planétaires pour créer un vrai changement et avoir de l’impact sur l’environnement.
Les 9 limites planétaires sont des seuils à ne pas dépasser, au risque de déstabiliser le système planétaire.
Enfin, et non des moindres, votre politique RSE doit idéalement prendre en considération le volume d’eau consommé par l’organisation. L’indicateur doit refléter les efforts et la bonne volonté de l’entreprise dans la gestion de cette ressource.
Les KPI sociaux
Les indicateurs sociaux de la RSE couvrent un large éventail d’actions et de mesures qui visent globalement à améliorer la qualité de vie et le bien-être au travail de vos collaborateurs.
La question de l’égalité femme/homme d’un point de vue légal, le taux de féminisation au sein de l’équipe, le taux de formation et la montée en compétence, sans oublier l’inclusivité et la QVCT, sont autant d’exemples d’indicateurs sociaux courants et pertinents dans le contexte actuel.
D’autres indicateurs, tels que le plan de mobilité ou la promotion de moyens de déplacement écoresponsables auprès des collaborateurs, peuvent également entrer en jeu. « Comment on accompagne les gens à aller plus vers des mobilités douces ? », Christian indique que de plus en plus d’entreprises s’y intéressent.
Les indicateurs tels que le taux d’accident, le taux d’absentéisme et le taux de turnover, pour n’en citer que quelques-uns, servent à mesurer l’impact et à apprécier l’efficacité des actions sociales menées par l’entreprise. Une entreprise qui applique une bonne gouvernance et veille à impliquer ses collaborateurs aura plus de chances de retenir les talents.
Les critères financiers
Le côté financier est indissociable d’une politique RSE. En effet, l’entreprise doit non seulement être responsable sur le plan environnemental et social, mais aussi viable d’un point de vue financier. Le bilan comptable et la clôture de fin d’année en sont des indicateurs à observer.
De même, il importe de se questionner sur le modèle économique de l’entreprise. Christian souligne qu’il est « important que le modèle économique tienne la route aujourd’hui et demain ». L’économie circulaire est en phase de devenir le nouveau standard. Les entreprises doivent donc trouver le moyen de « créer de la valeur, sans forcément puiser dans les ressources », ajoute notre éco-conseiller.
Toujours dans ce contexte, votre entreprise peut également découpler le PIB ou le chiffre d’affaires du volume de matières, mais aussi soigner ses investissements. Il importe notamment d’investir dans des projets durables, dans le cadre de la RSE, s’agissant là d’un « critère de plus en plus demandé par les banques pour les financements », indique Christian.
Dans tous les cas, les entreprises doivent agir dès aujourd’hui et veiller à la mise en place d’actions RSE concrètes pour rester pertinentes et limiter les risques sur le long terme. Beaucoup d’études démontrent que l’inaction coûtera plus cher à l’entreprise que si elle agissait dès maintenant en s’engageant sur le chemin de la transition.
Les indicateurs obligatoires
La RSE en entreprise est aujourd’hui régie par un cadre légal, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui impose des obligations spécifiques telles qu’un reporting des données environnementales, sociales et de gouvernance à de plus en plus d’entreprises basées en Europe.
Il est notamment attendu des entreprises qui emploient plus de 500 employés qu’elles déclarent toutes leurs activités et leurs actions extra-financières, pour ne citer que les actions environnementales adoptées par l’organisation.
Ces obligations légales de reporting extra financier décrites dans la CSRD, aujourd’hui imposées aux structures de plus de 500 salariés, seront bientôt étendues aux entreprises de plus de 250 salariés, jusqu’à concerner toutes les PME cotées sur un marché réglementé européen sur leur exercice 2026.
Sur le plan environnemental, le cadre légal de la RSE attend des entreprises qu’elles pilotent certains indicateurs RSE, notamment le taux de tri et le bilan carbone de leur activité. Enfin, et non des moindres, les entreprises ont tout intérêt à déployer des actions sociales qui favorisent l’égalité entre la femme et l’homme dans le contexte professionnel.