La responsabilité sociétale et environnementale est aujourd’hui incontournable pour les entreprises. L’audit RSE s’impose alors comme un outil d’évaluation essentiel pour valider et renforcer cet engagement. Mais alors quels audits RSE existent ? Pourquoi se lancer dans cette démarche ? Comment réussir son audit ?

Découvrez les conseils de Pierre-Julien Kirsch, expert indépendant chez PEJIKA, une entreprise spécialisée dans l’accompagnement et le conseil en stratégie durable. Il collabore avec One RH sur des formations autour de démarches RSE ou des enjeux de transition énergétique et écologique, mais également sur des accompagnements approfondis auprès des entreprises. 

Une femme en train de réaliser un audit RSE en entreprise

Qu’est-ce qu’un audit RSE ? Définition

Audit d’obtention d’une certification ou d’un label

Un audit RSE pour l’obtention d’une certification ou d’un label est une démarche structurée et exigeante, visant à évaluer la conformité d’une entreprise à un référentiel prédéfini. Chaque label ou certification est associé à un ensemble de points de contrôle, pouvant aller de 30 à 200. Ces points de contrôle servent de guide pour l’auditeur, qui attend des réponses précises, soit à l’oral, soit via des présentations documentées. “L’audit est un véritable exercice de transparence et de rigueur,” souligne Pierre-Julien Kirsch, “où chaque preuve demandée doit être prête et accessible.”

“Il est essentiel de bien se renseigner sur le mode de fonctionnement du label avant de se lancer,” conseille Pierre-Julien Kirsch. Chaque label a ses spécificités et certains audits peuvent se dérouler sans la présence physique d’un auditeur, comme c’est le cas avec le label Ecovadis, où les justifications se font via une plateforme en ligne. 

Les labels appartenant à des entreprises privées peuvent faire appel à des auditeurs externes spécialisés, comme ceux de Bureau Veritas, ou à des auditeurs indépendants mandatés. La transparence et l’intégrité de ces auditeurs sont essentielles pour garantir la légitimité de l’audit et la crédibilité du label obtenu.

Audit de client

Un audit RSE de client est une démarche où une entreprise, soucieuse de sa responsabilité tout au long de sa chaîne de valeur, audite ses fournisseurs pour s’assurer que leurs pratiques répondent à ses exigences sociales, sociétales et environnementales. Cela est particulièrement pertinent pour des entreprises de distribution, comme les magasins de vêtements par exemple, qui font appel à des sous-traitants pour la fabrication de leurs produits. En effet, en cas de mauvaise pratique sur sa chaîne de valeur, une entreprise sera tenue responsable par ses parties prenantes (ses propres clients, ses consommateurs, ses financeurs…), mais également sur le plan juridique (devoir de vigilance), en fonction de la réglementation dont elle dépend. “L’audit permet de garantir que les pratiques en amont de la chaîne respectent les standards éthiques et de qualité que l’entreprise prône,” explique Pierre-Julien Kirsch.

Les audits de clients, bien qu’ils soient de plus en plus courants, présentent certaines particularités. Parfois, une grille d’audit claire et des exigences précises sont communiquées en amont via un cahier des charges. D’autres fois, les attentes ne sont pas aussi explicitement définies, rendant la collecte des pièces justificatives et la réponse aux questions plus complexes le jour de l’audit. “C’est une situation où la flexibilité et l’adaptabilité sont clés,” souligne Pierre-Julien Kirsch. Néanmoins, ces audits sont souvent moins stricts, permettant davantage de discussions ouvertes et d’ajustements basés sur les observations de l’auditeur.

Les audits de clients peuvent déboucher sur la mise en place de plans d’ajustement plutôt que sur des sanctions immédiates. Si un fournisseur ne satisfait pas entièrement aux critères, un plan d’amélioration peut être proposé, conditionnant la poursuite de la collaboration. Les clients peuvent choisir de couvrir un certain pourcentage de leurs fournisseurs de manière aléatoire ou l’ensemble des fournisseurs à intervalle régulier.

Enfin, pour assurer la confidentialité des informations sensibles, les entreprises peuvent mandater des auditeurs indépendants pour réaliser ces audits. Cela permet de préserver la confidentialité des données tout en garantissant une évaluation impartiale et rigoureuse des pratiques des fournisseurs.

Audit du rapport de durabilité

L’audit des indicateurs RSE, notamment avec l’entrée en vigueur de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), est une évolution significative dans la transparence et la rigueur des rapports de durabilité des entreprises. Concernant principalement les ETI avec plus de 250 salariés ou dépassant un certain seuil de bilan ou chiffre d’affaires, cette réglementation rapproche les audits RSE du style des commissaires aux comptes en finance. “C’est une extension naturelle du rapport financier traditionnel,” explique Pierre-Julien Kirsch. Les entreprises devront désormais auditer leurs indicateurs RSE de manière aussi rigoureuse que leurs états financiers.

Les grandes entreprises ont déjà l’habitude de produire des rapports de durabilité, mais jusqu’à présent, ces audits étaient bien plus légers. La CSRD change la donne en codifiant précisément les attentes pour ces rapports RSE. Dès les trois premières années d’application, les auditeurs doivent vérifier la justesse de 10% des éléments du rapport. En procédant ainsi, l’auditeur peut certifier que, au vu des données examinées, la globalité du rapport paraît fiable. “Cette approche progressive permet aux entreprises de s’adapter, tout en garantissant une vérification initiale rigoureuse,” ajoute Pierre-Julien Kirsch.

Après cette période initiale de trois ans, les exigences de vérification deviendront beaucoup plus strictes, avec un audit couvrant au moins 50% du rapport. Cette obligation réglementaire place les comptes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sur le même plan que les rapports financiers, soulignant l’importance croissante de la durabilité dans la stratégie globale des entreprises.

L’instauration de cette norme réglementaire renforce la crédibilité des rapports RSE et incite les entreprises à adopter des pratiques plus transparentes et responsables. L’objectif est de garantir que les informations fournies aux parties prenantes, y compris les investisseurs, les clients et les régulateurs, sont précises et représentent fidèlement les performances extra-financières des entreprises et les risques associés à leurs activités. Ces mesures étant très récentes, nous ne nous étendrons pas davantage sur ce type d’audit dans la suite de cet article. 

Pourquoi faire auditer son entreprise ?

Dans le cadre d’un label

Faire auditer son entreprise pour obtenir un label RSE représente une démarche de transparence et de sérieux qui va bien au-delà des simples déclarations d’intentions. L’obtention d’un label RSE, décerné par un organisme indépendant, permet d’apposer ce label en vitrine de l’entreprise ou sur ses produits, témoignant ainsi de l’engagement concret en matière de responsabilité sociale, sociétale et environnementale. “C’est un gage de qualité et d’assurance,” affirme Pierre-Julien Kirsch, “qui rassure les clients et les consommateurs sur la légitimité de notre démarche.”

Un label RSE atteste de la rigueur et de la pertinence des actions entreprises par l’entreprise. Certains labels, plus exigeants, apportent une reconnaissance encore plus forte, soulignant l’engagement profond de l’entreprise envers les pratiques durables. Cela permet également de lutter efficacement contre le greenwashing, qui a souvent terni l’image de certaines entreprises par le passé. “Pendant longtemps, la course aux labels a mené à des certifications trop faciles d’accès,” explique Pierre-Julien Kirsch. “Aujourd’hui, les processus sont devenus beaucoup plus sérieux et exigeants.”

En se soumettant à un audit externe pour l’obtention d’un label, une entreprise non seulement renforce sa crédibilité, mais montre également sa volonté de répondre aux attentes de ses clients de manière honnête et responsable. Cette démarche proactive est un puissant outil de communication, valorisant l’image de marque de l’entreprise et différenciant ses produits sur un marché de plus en plus sensible aux enjeux RSE.

Dans le cas d’un audit client

Lorsqu’un client décide d’auditer son fournisseur, il s’assure que ce dernier respecte bien les engagements contractuels stipulés dans le cahier des charges. Mais cet audit va bien au-delà d’une simple vérification de conformité. C’est une occasion précieuse pour l’entreprise auditée de démontrer son sérieux, son engagement et ses valeurs. “C’est une vitrine positive,” affirme Pierre Julien Kirsch, “où l’on peut montrer au client que nous sommes des partenaires fiables, responsables et visionnaires.”

L’audit permet également de renforcer la relation avec le client. En discutant de l’engagement et des valeurs portées par l’entreprise, on crée un moment privilégié d’échange qui peut renforcer la confiance et ouvrir la porte à de nouvelles opportunités. Le client, en découvrant les bonnes pratiques et les initiatives de l’entreprise, peut être séduit par cette approche proactive et envisager des collaborations à plus long terme ou même envisager de nouveaux marchés ensemble. C’est un atout majeur dans un contexte de plus en plus exigeant.

Comment faire pour réussir son audit ?

Le déroulé de l’audit

En réalité, gardez bien en tête que l’audit vient évaluer des actions concrètes menées en amont. Sans préparation préalable, l’audit ne pourra que révéler des manques et des insuffisances. “Il est indispensable de réaliser un état des lieux pour savoir où l’on se situe,” souligne Pierre Julien Kirsch. Ce premier travail permet de mesurer le niveau de conformité et de progression de l’entreprise, que ce soit pour l’obtention d’un label ou pour répondre aux exigences d’un client.

Un aspect clé de l’audit est la visite de l’entreprise ou du site. L’auditeur ne se contente pas de rester dans une salle de réunion pour examiner des documents. Il va sur le terrain pour vérifier que les pratiques décrites correspondent à la réalité. “Si vous prétendez avoir une communication efficace sur la prévention des accidents de travail, l’auditeur doit pouvoir le constater par lui-même en voyant, par exemple, des tableaux d’affichage dédiés à cette communication,” explique Pierre Julien Kirsch. Il est donc impératif que l’entreprise soit propre et organisée, non seulement sur le papier, mais aussi en réel.

La préparation en amont est donc indispensable. D’ailleurs, n’hésitez pas à prévoir une personne dédiée à l’accompagnement de l’auditeur et une autre en charge de rassembler les documents nécessaires pour une bonne organisation le jour J. Cette double approche permet de répondre efficacement aux demandes de preuves, évitant ainsi des recherches de dernière minute qui pourraient compromettre l’audit. Cette préparation permet d’anticiper les exigences et de se conformer aux attentes, assurant ainsi un processus d’audit fluide et efficace.

Un audit réussi conduit généralement à une certification valable pour une période définie, souvent trois ans. À l’issue de cette période, un nouvel audit est nécessaire pour maintenir le label. Au-delà de la validation, l’auditeur peut également être une force de proposition et suggérer des améliorations pour permettre à l’entreprise d’avancer. 

Se faire accompagner par un cabinet de conseils RH

Se faire accompagner par un cabinet spécialisé en conseils RH est une démarche intéressante pour réussir son audit RSE, notamment pour les petites entreprises qui ne disposent pas toujours d’un service dédié. Contrairement aux ETI qui peuvent s’appuyer sur leur service qualité, sécurité et environnement, les petites structures doivent souvent faire appel à des experts externes pour se préparer efficacement avant l’arrivée de l’auditeur. “Le gérant n’a pas toujours l’expertise nécessaire,” note Pierre-Julien Kirsch, “et c’est là que l’accompagnement externe devient essentiel.”

Par exemple, One RH peut intervenir à différents niveaux pour préparer l’entreprise à l’audit. En disposant du référentiel, le cabinet peut réaliser un diagnostic RSE complet, semblable à un examen blanc, permettant de déterminer où l’entreprise se situe actuellement, sa maturité RSE, et si elle est prête à obtenir le label visé. Ce diagnostic identifie également les pistes d’amélioration pour maximiser les chances de succès. “C’est une méthode efficace pour voir où on en est et quelles actions mener pour obtenir le meilleur score possible,” explique Pierre-Julien Kirsch.

Pour les entreprises qui débutent dans la démarche RSE, il est souvent utile de choisir un label à obtenir dans un an ou deux et de planifier un état des lieux, ainsi qu’un plan d’actions sur cette période. Cela offre une vision plus large et systémique de la RSE, permettant de ne pas se limiter à des actions isolées mais d’embrasser tous les aspects du développement durable. “Cela aide à structurer une stratégie RSE globale qui englobe toutes les dimensions pertinentes,” ajoute Pierre-Julien Kirsch.

L’accompagnement d’un cabinet de conseils permet aussi de mieux comprendre les questions auxquelles l’entreprise devra répondre lors de l’audit, et de préparer les documents nécessaires à l’avance. Parfois, il ne s’agit que d’attestations sur l’honneur, ce qui peut être anticipé pour gagner du temps le jour de l’audit. De plus en plus de labels proposent des systèmes de notation et un accompagnement professionnel qui aide à naviguer au sein de ces nouvelles exigences.

Enfin, dans le cadre des audits clients où les questions peuvent être moins prévisibles, l’accompagnement permet de clarifier et valoriser les actions de l’entreprise. “Avoir une stratégie RSE bien définie et savoir expliquer ses actions est nécessaire pour être bien évalué,” conclut Pierre-Julien Kirsch.

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